La chanson de Roland
sortie de résidence


Ce spectacle, d’apparence très simple dans sa réalisation, un tabouret et deux barres de métal pour tout bagage, est une profession de foi, la conviction que le poème n’a besoin de rien d’autre que lui-même pour exister et que le travail de l’acteur consiste à le donner par le travail de la langue et de la métrique.

Style : Théâtre

Cie du Marcheur

Interprète : Julien Tiphaine

Pour qui ?

Tout public à partir de 12 ans

Quand ?

Mardi 22 avril à 19h

Durée ?

1h

Par qui ?

Julien Tiphaine, la Cie du Marcheur

Tarif ?

Participation libre
D’après un anonyme du XIIe siècle / Julien Tiphaine

La chanson de Roland est un texte qui m’a accompagné depuis l’enfance, le premier grand poème que j’ai lu et qui m’a marqué, un souvenir d’amitiés, de batailles, d’idéal. Sans comprendre à l’époque tout le substrat belliqueux qu’il charriait, cette construction imparable qui encourageait les chevaliers à partir en croisade grâce à la force épique du décasyllabe et aux modèles de sacrifices exigés pour le triomphe de la chrétienté, je n’en avais retenu que les héros, leurs larmes et leurs faits d’armes, lumière aveuglante pour l’enfant que j’étais.

Ce n’est que bien plus tard, en y revenant avec le recul de l’histoire, que j’ai compris que le premier texte poétique de notre langue était également un texte de propagande, que le génie des poètes qui l’avait créé se mettait au service de ce que l’on appellerait aujourd’hui une idéologie coloniale. Roland était le gentil, Ganelon le traître, Marsile le méchant, avec la même logique manichéenne d’un comic américain des années 50 (Captain America n’est rien d’autre qu’un Roland du XXème siècle). Mais lorsque Christian Schiaretti m’a donné carte blanche pour monter le texte que je voulais avec un peu de technique et quelques jours de répétition, j’ai tout de suite dit que je voulais faire la chanson de Roland, sans réfléchir, comme une évidence. Il fallait donner corps à ce poème source de bien des crispations mais également référence à la fois pour Victor Hugo (la légende des siècles) et quelques politiques à la nostalgie simpliste exaltants de prétendues racines chrétiennes de la France.

Il faut dire ce poème parce que le Roland que l’on nous décrit n’a jamais existé, parce qu’à priori ce ne sont pas des Sarrasins qui ont dévasté l’arrière garde franche lors de son retour d’Espagne, parce que les croisades n’étaient pas des épopées héroïques destinées à libérer Jérusalem; mais qu’il n’en demeure pas moins que la chanson de Roland est l’un des plus grands poèmes épiques jamais écrits et que cette tension entre récupération politique et génie littéraire ne peut se résoudre qu’au plateau, parce qu’un poème appartient à celles et ceux qui le disent et à celles et ceux qui l’écoutent et le comprennent. Roland est un psychopathe dangereux et incontrôlable, Ganelon a une vision politique et ne comprend pas cette guerre, Olivier est aveuglé par son amour pour son ami, l’archevêque Turpin est un fanatique illuminé et la jeunesse embarquée dans cette guerre n’a d’autre horizon que celui qu’on lui a donné, c’est-à-dire la certitude de sa supériorité et la conquête sans fin.


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